dimanche 25 septembre 2011

Critique Pilot - Unforgettable : Ode à Joe Cocker





Ayant subi le visionnage de ce pilot deux fois, autant construire la Muraille de Chine cinq fois c'est moins douloureux, je vous impose l'écoute de Joe Cocker durant la lecture de ce billet, la loi de Dandelion mes amis. Oui, la douleur fut incommensurable, pire que prévue. Non seulement tout est convenu mais en plus c'est long. 

Je vous épargne le commentaire linéaire de la chose, le trailer couvrant l'ensemble du scénario, je vais donc m'attarder sur les points importants de ce pilot : Carrie Wells et ses expressions proches de détrôner les sourcils de Damon Salvatore, la relation entre les deux héros, la structure des enquêtes et enfin les merveilleux et inoubliables (sic) personnages secondaires. 

Carrie Wells, le goupillon dans le fondement.

Notre Carrie c'est toute une histoire, rappelons-le, elle est atteinte d'hypermethria l’empêchant d'oublier quoique ce soit excepté un évènement : l'assassinat de sa soeur lorsqu'elles n'étaient que des pré-adolescentes en fleurs ; son traumatisme est la toile de fond de la série, son don est la pierre angulaire des enquêtes. 
La présentation du personnage se déroule de façon distillée et intelligente. Carrie nous est présentée en train de s'occuper de personnes âgées dans une maison de retraite, frontière poreuse de la mémoire - elle y est incarnée par la vieillesse et s'enfuit par la sénilité - où elle fait démonstration de son don. La scène qui suit Carrie se la joue bad ass en allant compter les cartes à une table de casino et en fuyant la mafia. Puis, en rentrant chez elle durant son sommeil elle entend des bruits, sort de chez elle et découvre un corps dans la rue. La police débarque evidemment et durant son interrogatoire elle est reconnue par son ancien partenaire et ami Al. C'est ainsi qu'on apprend qu'elle travaillait auparavant dans la police et qu'elle l'a quittée lorsque l'affaire concernant sa soeur à été close. En parallèle de l'ensemble de la trame, Carrie a régulièrement des visions sur l'assassinat de sa soeur, ce qu'elle n'avait pas auparavant, son esprit étant bloqué. 
Rien d'original, rien d’effarant pour autant, il est vrai. S'il faut dénoter quelque chose dans le personnage de Carrie c'est son éventail d'expressions, Poppy nous délivre un jeu tout en subtilités, nuances telles qu'on est proche de la mono-expression. 


Le demi-ouvert de bouche de Poppy Montgomery


Toutes les scènes sont parsemées d'une Carrie qui réalise son fameux demi-ouvert de bouche, ses yeux de cocker et ses traits de fille coincée et ce quelle que soit la situation. Carrie découvre un corps, BIM demi-ouvert de bouche, elle voit son ex, BAM j'écarte les lèvres, elle interroge un suspect, BOUM elle tente de gober des mouches, elle assiste à un interrogatoire, PAF je bloque la machoire vers le bas, elle fouille une scène de crime, ZOU air inquiet et demi-ouvert de bouche et enfin Carrie achève une enquête, elle ne sourit pas, non elle s'apprète à faire une fellation sur un pénis démesurément important une énième fois. Même ma regrettée Lily Rush possédait plus d'expressions. En réalité, Poppy Montgomery pensait tourner un cop-show pour la CW, chaîne dont la qualité d'acteur est régulièrement secondaire.
Quoiqu'il en soit, le personnage de Carrie n'est entier que lorsqu'il est complété par son ancien amant, Al.

Rallumer le feu. 

Carrie et Al sont de vieux amants, on est loin de la chanson de Brel toutefois. Ils se sont séparés suite à la fermeture de l’enquête sur la soeur de Carrie. Il s'installe une situation où Al n'a pas voulu de la rupture et Carrie l'a achevée car elle ne supportait plus ni sa vie professionnelle ni que Al puisse concevoir qu'on ferme l'affaire liée à sa soeur. On ne peut enlever à Carrie son tempérament qui a l'air moins mesuré que ses expressions.
Les amants d'autrefois se retrouvent, leur complicité resurgit. Régulièrement l'un achève les phrases de l'autre et Carrie ne pouvant oublier, se remémore les bon moments passés. 




Carrie peut se rappeler de ses anciens orgasmes, pratique mais peu hygiénique



La relation présentée se veut plus adulte et intéressante que dans certains cop-show plus légers. La série repose sur la mémoire, il est donc logique que la relation principale s'appuie sur le souvenir. Néanmoins, elle est sujette à évolution tout comme l'ouverture de l'esprit de Carrie sur le mystère entourant sa soeur, les deux nerfs de la serie sont donc là. 


Autre mystère de la série, comment cette infirmière peut elle mater le boule de Al Burns ?

Une enquête enfermée dans sa procédure.

La colonne vertebrale des enquêtes est le don de Carrie. Elle voit tout, se remémore tout et vous retrouve même vos clefs. Tout cela est bien pratique mais impose des problèmes de narration plutôt importants. En effet, il va falloir que Carrie soit présente à chacun des assassinats pour pouvoir se souvenir de quelque chose. Sinon elle ne va servir qu'a se souvenir des gens qui ont touchés des objets pour relever les empreintes ou comme dactylo à un interrogatoire.




Carrie se souvient des personnes potomanes, pratique

Comment les scénaristes vont-ils sortir de ce handicap procédural ? Certainement, en la faisant se souvenir de détails dans les pièces et les incohérences de témoignages -au pire je cherche toujours quelqu'un pour retrouver mes clefs, je le rappelle.  
En outre, l'exploitation même du don de Carrie est fastidieuse. En effet, elle se regarde elle-même en train de refaire des actions, elles s'observe observer. Ce qui donne parfois des actions qui frôlent le ridicule, où, par exemple, elle remarque le moment où elle avait inconsciemment le regard fixé sur un morceau d'ombre d'un homme planqué derrière un mur ce qui la conduit à trouver l'arme du crime cachée au fond d'un caniveau rempli de feuille et d'une propreté remarquable. Un manque de crédibilité et de rythme certain.


Les égouts de New York sont extrêmement entretenus, c'est bien connu.

Enfin, l'épisode n'épargne pas les scènes plus que clichés et ridicules ; je vais vous mimer un exemple en incarnant Carrie quelques instants - point trop de temps, je risque de rester bloqué la bouche ouverte. 


Alors que je pensais avoir bouclé l’enquête, en rentrant chez moi je tilte sur un couple qui ma foi a l'air bien plus heureux que moi à l'heure actuelle. Puis, ne contrôlant pas réellement mon don exceptionnel je me rappelle qu'il y a deux jours, le soir du meurtre, j'ai tilté au même endroit, je suis un ptit peu lente parfois, sur un couple différent -  faut vraiment que je me fasse ramoner, ça fait longtemps - et qu'en fond il avait un monsieur qui ouvre son sachet de sucre avec les dents. FICHTRE, me dis-je, le fils du vieux papy que je viens d’arrêter fait tout pareil, OH MON DIEU j'ai fait une boulette, s'il était là le soir du meurtre c'est lui qui a tué ma voisine !!!! Bon, faut que j'appelle Al pour le tenir au courant. MINCOUILLE il répond pas bon c'est pas grave, il n'est qu'une heure du matin, je vais aller seule sans arme confronter le meurtrier dans des docks désertés. En arrivant sur les lieux, le méchant il est pas vraiment content et tente de s'enfuir, je le poursuis donc. Alors que j'essaye de lui taekwendoifié la face il me maîtrise car je suis une faible femme mais OH MIRACLE Al débarque et me sauve la vie en faisant une petite remarque rigolotte, hihihi je l'aime bien mon Alounet.

Malheureusement, ce ne sont pas les personnages secondaires qui vont relever la qualité de certains aspects de la série.

Au delà du poncif, les secondaires d'Unforgettable.

Tout cop-show possède son lot de personnages secondaires vitaux à l'intrigue et au bon déroulement d'un épisode, ces derniers étant genéralement des chefs de services, des collègues qui font tout le sale boulot ou encore des médecins légistes ; Unforgettable ne déroge pas à cette règle. 

1 . Le partenaire/supérieur.

"-Mais t'es qui au fait ? -Moi ? J'en sais rien, on m'a dit que y avait du café sympa dans le coin"

On n'arrive que très peu à identifier son rôle réel mais il est bien présent et ne sert pour l'instant à rien hormis à poser les questions que le téléspectateur se pose, comment fonctionne le don de Carrie par exemple. 


2. Les collègues funky.




Au sein de cet univers sérieux et sombre, nous sommes sur un cop-show de CBS rappelons-le, trônent deux collègues de Al à l'humour décapant et aux prolixes boutades hilarantes, ceux qui vont vous faire souiller vos pantalons. 

Des amis "qu'on les veut à nos soirées"

Non vraiment, je comprends qu'on veuille mettre de l'humour pour détendre l'atmospère mais vu le nombre de sitcom de qualité sur CBS ça ne coûterait rien aux scénaristes de traverser le couloir de la redac et de demander à son buddy qui rédige The Big Bang Theory deux ou trois blagues bien senties et ainsi d'éviter de reprendre des citations de Ghost Whisperer.

3. Môman


Mais où ont-ils pompé l'idée ? 


La famille de l’héroïne ou du héros est toujours présente dans un cop show, c'est le cas pour Carrie qui se rappelle de sa soeur et surtout s'occupe de sa mère. Effectivement, mise en abyme oblige, sa mère a Alzheimer, ne souvient plus de rien et ne la reconnait plus, un supplice grec en somme. Je vous vois venir avec vos : "mais comme c'est trop trop profond comme idée !! Trop de la bombe de balle, mec!", je tiens à vous le dire instantanément, je ne suis point d'accord avec vous. Tout cela est convenu et à deux pas du ridicule. 



Beaucoup de mauvais pour peu de bon, il semblerait. Néanmoins, je continuerai à regarder Unforgettable quelques épisodes et ce pour plusieurs raisons. Je suis impatient de comprendre comment vont se structurer les épisodes et je suis plutôt curieux de l'évolution de cette série. Certes, nous sommes à deux doigts du foutage de gueule avec l'accumulation de clichés mais il est possible que cela se nuance, certes je me contrecarre royalement de la relation entre Carrie et sa mère, certes les personnages secondaires me donnent envie de me pendre, certes je me suis endormi deux fois tant la série est lente, certes les personnages sont dénués de charme/sexytude/beauté, mais j'avoue que sur le long terme il sera intéressant de voir l'évolution de la malédiction de la maladie de Carrie. Les scénaristes auront-ils les tripes nécessaires pour exploiter cet aspect complexe et compliqué du personnage de Carrie, l'avenir nous le dira.




N. pour vous servir.


1 commentaires:

  1. ça a l'air so passionnant cette série que je commenterai plutôt le fait que vous ayez changé la couleur de fond et que je like bcp mieux celle-ci ...
    Lawrra.

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