mardi 27 décembre 2011

Critique Pilot - American Horror Story : Hey What did you expect ?







Il y a quelques temps je vous ai parlé du trailer de American Horror Story ici, série diffusée sur la chaîne cablé FX ; les informations y étaient peu nombreuses et nébuleuses. Honnêtement après avoir visionné le pilot de la série peu d'analyses, critiques ou informations à vous transmettre sont parvenues à mon esprit. J'ai préféré attendre la fin de la première saison pour vous en parler (GROS MENSONGE pour dissimuler ma fainéantise aiguë).

S'il y a une chose à retenir du visionnage du pilot de la série, c'est que l'on n'en sort pas indemne. Perturbant et intriguant à la fois, le bébé de Ryan Murphy se laisse dompter au fil des épisodes; le moins que l'on puisse dire sur cet objet étrange et pénétrant est que la narration y est parfaitement menée et maitrisée. Les méandres dans lesquels le pilot nous plonge, voire nous épuise, se font chemins pavés et nous conduisent directement à la sorciere et non au magicien d'Oz. Le premier épisode est un mélange de références et d'effets visuels superposés - flash back, gros plans perturbants, flou optiques, changement de focale à répétition  ou encore superposition d'une scène sur une autre seront les épreuves qu'il vous fera affronter - qui peuvent s'avérer lassants mais qui, en fin de compte, atteignent l'effet escompté : déranger. Le dérangement dépassé et le second épisode traversé, sans conteste le plus mauvais de la saison, la trame s'installe et s’éclaircit petit à petit, le chamboulement fait place à l'habitude. Je ne parle pas de la mauvaise habitude, celle qui détruit les couples et ennuie le commun des mortels, j'entends ici celle qui permet le confort et l'intimité. Nous pénétrons dans les folies de Murphy et Brad Falchuk avec ivresse légère, excitation et quelques appréhensions mais quoiqu'il en soit, nous nous en délectons. 





Les deux symboles sexuels de la série




L'habitude est due au thème de la série et, intrinsèquement, à l'ambiance qui s'en dégage. FX est une chaine aux séries à caractère que cela soit Justified ou Son of Anarchy, chacune possède une aura spécifique qui vous enivre et tente de vous enliser dans sa toile. American Horror Story est une histoire de fantomes mais surtout de famille. La réalité est que le scénario est essentiellement concentré sur les devoirs d'une famille. Le devoir pour un couple d'avoir des enfants, celui de la mère d'éduquer son fils, le devoir des enfants de respecter les idéaux voulus par leurs parents, le devoir du mari de subvenir aux besoins de la famille ou encore celui d'être fidèle. C'est ce devoir qui emprisonne les êtres dans les carcans du couple et de la famille : en s'obligeant à répondre à des convenances sociales ils s'obligent à être ce qu'ils ne sont pas, ce sont ces devoirs qui les mènent au crime passionnel et qui scellent leurs âmes dans la maison des horreurs qu'est celle d'American Horror Story. Le premier meutre commis dans la demeure est significatif de ce schéma : la maison est construite par les Montgomerry, présent offert par Monsieur à Madame. Ce dernier est un savant/medecin reconnu dont la carrière et les revenus sont en berne, elle, femme au foyer typique des années post seconde guerre mondiale ne souhaite que deux choses : de l'argent et un enfant. Les deux sont présents mais l'argent fuit de plus en plus et l'enfant est kidnappé puis tué et ce pour une raison aussi vieille que le monde: la vengeance. En effet, Charles Montgomerry pour arrondir ses fins de mois s'improvise faiseur d'ange, il avorte illégalement des femmes, et, pas de bol, l'un des maris l'apprend et décide d'enlever et découper le poupon des Montgommery (une réaction mesurée en somme), entraînant ainsi Charles dans la démence et dans le si peu connu syndrome de Frankenstein le poussant alors à recoudre et ramener à la vie son petit joufflu. Sa femme, confondue dans la tristesse, la folie et la pitié lui plombe le ciboulot et décide d'avaler quelques balles elle même. Les âmes par la violence du crime s'ancrent à jamais dans la demeure et le schéma du couple chancelant et de l'enfant à problème se répète jusqu’à nos jours.




Le couple à l'origine des meurtres passionnels de la maison




En réalité, les thèmes principaux de la série se révèlent être celui de l'adolescent et de la descendance. L'adolescence, décidément, obnubile Ryan Murphy et alors que dans Glee les meilleurs cotés sont mis en lumière, c'est l'inverse qui apparaît dans American Horror Story. La dépression sublimée par Violet Harmon, hypnotique Taissa Farmiga, la sociopathie incarnée par Tate Langdon, charismatique Evan Peters,  ou encore l’innocence mise en avant Adelaide Langdon, jouée par Jamie Brewer, tant de thèmes perturbants de l'adolescence (oui par définition un adolescent est plus ou moins sociopathe, j'en suis CONVAINCU) évoqués au sein de cette maison hantée. Bien souvent les travers des enfants sont en partie induits par ceux des parents, ainsi à la tête de la famille Langdong on retrouve Constance mère psychotique, totalitaire, enfermée dans un syndrome de Narcisse et son ambition, dont le besoin de contrôle est tout sauf superfétatoire. D'ailleurs, on remercie en se trémoussant, hurlant de joie et en ayant nos orgasmes du mois, la performance de Jessica Lange. La famille Harmon n'est en rien en reste avec Ben, son père adultère à la beauté flétrissante, son besoin de séduire et de s'évader d'un mariage qui a perdu toute sa saveur et Vivien enfermée dans l'habitude et l'ennui, éprouvée par le comportement de son mari et par sa fille qui la rejette. Evidemment, Dylan McDermott et Connie Britton ne déçoivent aucunement, bien au contraire, et donne respectivement envie de lui défoncer la gueule à coups de pelles et prendre par les épaules afin de la secouer fortement. 




Evan Peters et Taissa Farmiga, deux acteurs au charisme hypnotique




Le casting et les performances d'acteurs mis à part, le vrai aboutissement de la série s'incarne dans sa cohérence : elle se tient de bout en bout, possèdant un début, une fin, le tout transitant par les explications, -ce qui est assez rare dans le monde de feuilletons télévisuel dans lequel nous vivons, on se doit donc de le remarquer. Le générique est un exemple de cette cohérence car il est comprensible totalement des les derniers épisodes de la saison 1. Les déclarations de Ryan Murphy au sujet du changement d'histoire et de famille dans la saison 2 ont confirmé mon ressenti à la fin du visionnage de ces 13 épisodes : le treizième épisode conclut une histoire, celle des Harmon, et n'aura pas de suite. Une réussite, donc, qui permet à ceux qui n'ont pas osé s'aventurer dans la série de s'y atteler car la majeure partie des questions obtiendront leurs réponses et que le style devient moins chaotique et plus précis au fil des épisodes. La série s'impose comme une expérience à vivre qui possède des travers - effets visuels éreintants par moments, meurtres superflus, scènes de sexes pas toujours utiles (surtout lorsqu'elles ne sont pas liées au personnage de Ben) - qui contribuent à son charme et à son ambiance ; une expérience qui respecte un protocole scientifique bien ficelé aka une narration et une histoire, et qui porte ses fruits, la satisfaction finale étant bien présente. Un must to see.


Le générique de la série :







0 commentaires:

Enregistrer un commentaire