vendredi 10 février 2012

Critique Pilot - Touch : Kiefer Sutherland et la théorie du chaos



Touch est le nouveau drama de FOX diffusé pour la première fois le 25 janvier dernier ; la série ne reprendra que le 19 mars, ce qui nous laisse finalement peu de matière pour la juger. 
La construction du pilote est en effet originale, tant et si bien que l'on ignore si les épisodes suivants seront calqués sur son modèle. Touch allie ainsi la force d'un très bon premier jet à l'incertitude crée par un scénario dont on ignore les ambitions.

Ce qu'il faut savoir pour commencer : Touch est une démonstration de la théorie du chaos (vous savez le papillon, la tempête, Ashton Kutcher etc.) car son pitch part du principe que l'ensemble de la population de la planète est en interaction constante. Des événements sans lien apparent font en réalité partie d'un schéma complexe qui rend, conséquemment, l'avenir prévisible. 

Evidemment, il faut avoir l'esprit sacrément ouvert pour comprendre ce qui unit la naissance d'un chaton à Tijuana et la chute d'une barrière à Aramon : seule une poignée d'êtres "spéciaux" en est capable, et c'est le cas de Jake, le jeune fils de Martin Bohm aka Kiefer Sutherland.

A première vue, il n'a pas appris de nouvelle expression faciale depuis 24.

On nous laisse penser, tout au long du pilote, que Jake est atteint d'une forme poussée d'autisme bien que le mot ne soit jamais prononcé : Martin l'élève seul depuis que sa femme est décédée et rencontre de plus en plus de difficultés avec son fils qui ne dit jamais rien et refuse d'être touché. Jake présente toutefois de grandes affinités avec les chiffres, qu'il aligne à longueur de journée dans des cahiers, ainsi qu'avec les téléphones portables auxquels il fait faire toutes sortes de choses intéressantes : petit à petit, Martin se rend compte que Jake tente en réalité de communiquer et se prend à déchiffrer le jeu de piste crée par son fils.

Le pilote nous montre en parallèle, grâce au voyage très poétique d'un smartphone perdu dans un aéroport de Londres, comment s'articule la théorie du chaos : de nombreux inconnus n'ayant aucune incidence sur la trame principale sont ainsi mis en scène. L'effet "brouillon" et les incohérences auxquelles on pourrait s'attendre ne sont pas au rendez-vous, ce qui fait qu'on suit l'épisode de bout en bout avec une certaine avidité, sans marquer de pause pour gueuler "What is the fuque". Au contraire, ces multiples "tranches de vie" sont très efficaces : la multiplication d'instantanés atteint l'effet recherché et dépeint finalement l'humanité dans ce qu'elle a d'universel. Les connexions qui s'établissent sont logiques mais suffisamment inattendues pour provoquer un pincement au coeur, un frisson, un sourire chez le spectateur et ça, mes petits, c'est juste formidable.

Perdre son portable, la nouvelle bonne idée

La focale étant double, l'autre pan du pilote est consacré à Jake et son père : là encore, une succession de contacts entre les personnages mène à un véritable dénouement de situation (que je ne vous dévoile pas, hein, mais que j'ai trouvé bien sympathique). Ceci dit, à l'issue des cinquante minutes, nous sommes face à une situation qui peut partir en tous sens et je n'ai pas d'idée claire quant à ce qui est précisément envisagé pour le reste des épisodes. 
La première saison de Touch ne comportera que treize épisodes ce qui a priori est une bonne chose : cela réduit les chances que l'on se retrouve avec une série qui met de côté émotion et esthétique au profit d'une action frénétique. Le danger, c'est en effet que chaque épisode se contente de nous montrer Kiefer lancé par son gamin courir après des gens pour les sauver, ou après des méchants pour les empêcher de braquer des petites vieilles. Je fais clairement partie de ceux qui votent pour que l'intrigue parallèle, celle qui comporte des inconnus, devienne si ce n'est une constante au moins un phénomène récurrent dans la série ; cela permet de se détacher du pitch et du tout petit casting de trois protagonistes (oui il y a une assistante sociale insignifiante au milieu de tout cela mais je n'avais pas envie d'en parler). S'intéresser à des situations, des personnages qui ne font qu'apparaître brièvement, élargir le rayonnement du scénario à l'extrême donne une portée presque cinématographique à la série et nous fait garder à l'esprit l'essentiel du présupposé de Touch : toutes nos actions ont des conséquences, des répercussions infinies dépassant de loin le champ de nos perceptions.


W.

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