mercredi 18 avril 2012

Critique Pilot - Girls : Sex and The City chez les prolos

Les bras cassés de Girls



Diffusée sur HBO dimanche soir, Girls est une nouvelle comédie directement inspirée par Sex and The City, de l'aveu de tous. L'auteur de Girls, Lena Dunham (qui joue également le rôle de l'héroïne, Hannah), révère Sex and The City à l'instar de toute une génération d'adolescents des années quatre vingt-dix et elle a voulu combler un manque télévisuel. Girls met ainsi en scène un groupe de femmes qui tentent de se créer une vie à New York mais qui sont bien plus jeunes que Carrie Bradshaw et consort ; elles sont fraîchement émoulues de l'Université et évoluent dans un monde peu glamour, un monde "normal". 



Signalons ici que Lena Dunham est née en 1986 et qu'après un petit film primé, Girls est sa première tentative pour percer : elle a peut-être un plan cul pote chez HBO, mais reste une nana très inventive qui écrit, réalise, produit et joue ses créations. L'amitié entre filles est ici exploitée crûment, avec un oeil qui se veut très réaliste, très sincère : intimité forte, absence de pudeur, solidarité indépassable et rapports de force sont à l'honneur. Les relations amoureuses avec les garçons sont reléguées au second plan mais restent la cible de ce réalisme acharné, ce qui nous vaut notamment une scène de sexe dérangeante par l'apathie et l'indifférence des protagonistes. Girls est pensé comme une fenêtre sur la jeunesse d'aujourd'hui avec ses ambitions contrariées, son incertitude chronique et ses envies de grandeur : le contraste est très fort entre ce que l'on nous montre ici et ce qui est traditionnellement dépeint dans des séries consacrés aux jeunes adultes comme Gossip Girl (sans parler des délires à la The Secret Circle). Du physique ordinaire des actrices  aux problèmes d'argent des personnages en passant par leur absence d'avenir professionnel, Girls aborde de tous nouveaux sujets.
Malgré cette ambiance peu réjouissante, le ton est léger même si on ne se fend absolument pas la poire face à une héroïne en vrac, disgracieuse, à la vie déprimante...Hannah n'a certainement rien d'un modèle.



Au final, Girls est une chouette petite série, à regarder pour une qualité d'écriture certaine et l'aspect un brin fantasmé malgré tout des relations entre filles. Dix épisodes nous attendent : une quête effrénée de spontanéité et de vérité, sans rebondissements, sans excès, sans rires, à l'esthétique éteinte, très neutre : pas forcément palpitant, peu stimulant, mais en tout cas innovant et poétique. Il y a un vrai travail sur des thèmes peu évoqués dans les séries : l'angoisse du passage à l'âge adulte, le paradoxe que constitue l'intimité à l'heure de Facebook, Twitter et autres moyens de se fréquenter à distance, le rapport financier aux parents pour une génération d'adulescents, les problèmes d'image de soi...A cet égard, l'adjectif qui qualifierait le mieux Girls n'est pas "drôle", ou "sincère", mais véritablement "poignant".

W.


4 commentaires:

  1. Je vais regarder cette petite chose.

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  2. mademoiselle mi25 avril 2012 à 17:14

    Non d'un dieu viking! Une série intelligente et réaliste ? Finalement la fin du monde n'est peut être pas pour tout de suite.

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  3. Le deuxième épisode est d'ailleurs excellent! Girls nous met un peu la réalité en face : perturbant peut-être, mais sans conteste d'une grande honnêteté

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  4. Je m'y mets ce week-end, ça m'a donné envie :)

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