Quand vous êtes dans la panade jusqu'au cou, quand vous avez l'impression de creuser le fond de votre trou avec ce qui vous reste de votre trachée, vous vous retournez vers votre zone de confort, ce qui vous a protégé depuis minuscule lorsque rien n'allait aka les séries tv. Ainsi, après avoir lamentablement tué ma santé dans mes révisions de concours, plané sous cortisone à haute dose, sombré dans la plus haute alcoolémie que même un soldat des tranchées n'a jamais connu, essayé de sauver mon chat d'une mort certaine et avoir failli foutre sept milliards de baffes à l'ensemble des administrations de France qui estiment que vous n'avez plus droit d'être payé-malade-étudiant-propriétaire d'une voiture et d'avoir internet simultanément, vous vous tournez vers l'une des meilleures séries de la création, j'ai nommé Farscape.
Farscape aka le pays où la vie est tout autant shakespearienne qu'un trip sous LSD
Ils font peur, ne vous inquiétez pas c'est normal |
Écartons tout de
suite toute controverse - tout autant avec W. qu'avec d'autres humains ou aliens
- j'estime et j'affirme que Farscape supplante de loin Battlestar Galactica (version 2000), d'ailleurs tout autant
surpassée par Babylon 5 alors que je n'en suis qu'à la
première saison - Bob Dylan et des Cylons sexy ne suffisent pas à rattraper, à
mes yeux, la connerie patente de Gaius Baltard et le nombre incalculable de
baffes que j'ai eu envie de foutre dans la face à Starbuck (si d’aventure j’avais
besoin de quelconques autres arguments je pourrais rajouter que Community et Futurama font référence à Farscape).
Farscape d’une petite série
australienne sans prétention diffusée sur Syfy va devenir la série adulée par
les puristes d'une branche plus fantasy de la SF qu'azimovienne. Le scénario
use d'un angle d'attaque d'une simplicité extrême, un humain est transporté par
hasard au cœur d'un vaisseau d'aliens, tout en ayant pour corollaire une
complexification scénaristique concentrée sur la folie, digne d'une paire de
boules de la taille de deux sacs de frappes de Captain America. Ainsi, le
héros, John Criton va, aux cotés de la prêtresse Zahn - plante
bleue humanoïde dont l'activité favorite est le photo-orgasme - du
guerrier Kah Dargo, du voleur et empereur déchu Rigel - dont
les traîtrises sont aussi répétées que ses pets à l'hélium - et
de la Peacekeeper Aeryn Sun - élevée dans une société qui s'inscrit directement
dans la continuité nazie - sombrer peu à peu dans la folie, créant
ainsi une série profondément baroque, grandiloquente et d'une
beauté émotionnelle transcendante. S'enchaînent amours, passions, trahisons,
morts et guerres dans une incohérence à la cohérence redoutable. La beauté de Farscape pourrait se résumer à cette
force qu'elle possède de vous transporter dans l'inconnu, de vous chambouler
en permanence tout en vous portant au sein d’une sérénité dont l’ataraxie est présente en permanence.
La série portée par l’un
des méchants les plus malsains et fascinants toutes séries confondues, tombe
dans le shakespearien dès la saison 2, créant une dualité rarement aperçue dans
un format tv, voire dans un format papier. La folie devient un personnage quasi
à part entière du scénario, ce qui en soit répond à une logique féroce :
que feriez-vous si vous pauvre pécheur d’humain atterrissiez au milieu d’un
vaisseau vivant, rempli d’aliens prisonniers d’une société néo-nazis, sans jamais
plus n’avoir contact avec vos amis, familles ou animaux de compagnie ? Ben
Browder, acteur qui tient le rôle du héros John Crypton, transcende son rôle, rendant
la folie palpable d’épisode en épisode, le tout exalté par des scénaristes qui
se permettent des bijoux d’écriture en effectuant des épisodes honneurs aussi
bien à Don Quichotte, Alice aux Pays des merveilles ou encore les Looney Toons.
La folie, ce compagnon
de tout épisode, se dilue intégralement lors de la saison 3, qui, pour ma
personne et quelques autres initiés, voire puristes, est l’une des plus belles
créations que le petit écran ait connu. Toutes les folies sont permises, toutes
étant au service d’une tragédie dans son sens le plus classique. La saison
bouleverse votre sphère sensible de façon brutale, l’interprétation sauvage,
dermique et douce à la fois d’une des actrices n’y est aucunement étrangère.
La série assassinée
au cours de sa saison 4, initialement prévue pour cinq saisons, dut torpiller
son intrigue pour espérer prodiguer à ses suivants une fin de saison
satisfaisante qui se prolongea, toutefois, quelques années après sous la pression
d’une communauté acharnée de téléspectateurs, grâce à un film, The Peacekeeper
Wars.
D’aucuns diront que
la série fait kitch, voire peu ragoutante parfois, ce à quoi je répondrais que ce
kitch est en réalité un honneur aux monstres marionnettes présents dans l’ensemble
des films d’horreurs des années 90, que deux des personnages principaux sont
des marionnettes qui nécessitent chacune au moins cinq artistes pour les faire
fonctionner - et que bon Jim Henson, le créateur de la série est celui du Muppet Show. En réalité, le pouvoir du beau ne repose pas uniquement dans sa capacité
à charmer, émerveiller et sidérer, il s’incarne tout autant dans sa possibilité
à effrayer, déranger et violenter son récepteur.
Farscape possède la force des
violons, la sagesse de la folie, la beauté de l’horreur de son monde, l’émotion
de personnages qui ne font qu’évoluer en permanence chacun selon leurs
convictions propres et rarement pour un bien commun. Le manichéisme n’a
aucune place en ce lieu intemporel qu’est Farscape
dont l’une des principales forces est de s’imposer au-delà de son visionnage :
plus la distance temporelle qui vous sépare de la série est grande, plus elle
repose, vous incitant ainsi à appréhender la complexité de son message et la
beauté transcendante de son cœur et ses âmes que sont respectivement son
scénario et ses personnages.
Six Feet Under : Les croque-morts, c'est plutôt sexy
Faisons le point. Que s’est-il passé en ce mois de novembre ? En gros, j’ai fait quelques milliers de kilomètres, essuyé quelques galères
administratives intergalactiques, bu quelques verres, raconté quelques
conneries, traîné quelques heures dans les bouchons. Par contre, je n’ai pas
pris beaucoup de douches chaudes –voire de douches tout court-, je n’ai pas
regardé beaucoup de séries, j’ai pas mal dépéri, je me suis pas mal lamentée
sur ma terrible tendance à procrastiner qui peu à peu, tirait Chats en Série
vers le fond du seau des œuvres géniales inachevées.
Au milieu de ce marasme parfaitement novembresque,
dirais-je, deux ou trois trucs m’ont sauvé la vie et en matière de séries, je
vous le donne en mille, ce n’est PAS la quatrième saison de The Vampire Diaries
qui a remporté la palme, non non non.
Seriouslyyyy |
NON. La seule vraie série qui dans ta vie fait une belle
différence, c’est Six Feet Under, et ce que j’aime particulièrement au delà de
la regarder pour la cinquième fois en entier, c’est de contribuer à la faire
découvrir à quelqu’un, observer ses réactions à chaque début d’épisode devant
les scènes de mort tour à tour hilarantes, déprimantes, absurdes. A chaque
fois, ou presque, la magie opère : Six Feet Under peut conquérir n’importe
qui. Pour moi, ce qui prouve que c’est ma série favorite pour toujours, c’est
que j’ai beau connaître les épisodes par cœur, je trouve toujours un sens
nouveau aux événements ; cette série s’appréhende différemment en fonction
de son propre vécu, du contexte dans lequel on la regarde.
La première fois que j’en ai entendu parler, j’étais plus ou moins un bébé de 15 ans ; je lisais un magazine hautement scientifique de
type « Series TV Mag » et je suis tombée sur un encart parlant de
SFU. Interpellée par le titre ô combien sexy, quand même, et plus ou moins fana
de surnaturel, je me dis qu’il y a peut-être quelque chose à palper et je lis
le petit paragraphe. Je vous le dis : on a jamais vu un pitch aussi
repoussant que celui-ci, a tel point qu'il s'est gravé dans mes souvenirs. « Six Feet Under raconte le quotidien d’une
famille de croque-morts à la suite du décès de Nathaniel Fisher, le père et
directeur de la maison funéraire ». Ah bon ! Voila une intrigue qui
promet rebondissements et sexytude…
Pour finir, un jour, j’ai regardé la saison 1 de Dexter ;
j’aimais bien Michael C. Hall, je me suis dit, bon, regardons ce qu’il a fait
avant. Alors j’ai vu le pilote de SFU, et là, j’ai fait un AVC de bonheur puis j’ai
acheté l’intégrale.
Pourquoi ? Parce que Six Feet est une incroyable
histoire : on a rarement dépeint à la télévision l’être humain avec un tel
réalisme, une telle vérité. Tout y est beau, parfois triste à crever, parfois
terriblement drôle, parfois long, parfois trop court avec en fil conducteur,
cette expression calamiteuse : « tout ce qui naît meurt ». En
cinq saisons, si tu ne l’avais pas compris avant, on t’explique que rien n’a de
sens, que tout risque de s’achever dans la douleur, que le changement est
inévitable : Alan Ball prend ses nouilles à deux mains, écrit des mots
merveilleux pour un casting d’une excellence à pleurer et il te parle gentiment
de la mort et du temps qui passe.
On pourrait penser, on pourrait me dire, « hum, c’est
déprimant ton truc » et je pourrais répondre « fuck off »,
mais la vérité, c’est que parler de choses terribles avec un ton simple et de
super fondus enchaînés au blanc rend la vie plus belle, plus lumineuse, plus
compréhensible, plus facile à supporter.
Sérieusement, qu’est-ce qu’on peut redire à ça ?
W., attend Spike de pied ferme |
C'est marrant, moi en ce mois de novembre merdique, j'ai fait un peu la même chose, mais en me replongeant dans Battlestar; et c'est vrai que je l'aime cette série, mais oh bordel, je suis on ne peut plus d'accord, la connerie de Baltar ET LES MANDALES QU'ON A ENVIE DE FILER A STARBUCK!!!!
RépondreSupprimerTellement d'accord avec W. en ce qui concerne six feet under! Tu m'as donné envie de m'y replonger!
RépondreSupprimerTout d'abord, ravie de vous (te) voir de retour !!!
RépondreSupprimerEnsuite, c'est drôle, mais chaque année, je déprime vers Noël et je regarde.... Farscape !!!
C'est vrai qu'elle est déjantée c'te série, mais j'avoue que mon côté midinette apprécie aussi l'histoire d'amoooouuuuur ultra-compliquée de la série ;-) D'ailleurs Aeryn Sun -> Claudia Black -> Vala Mal Doran -> Maldo -> Mado la Niçoise -> Maldo la Genevoise ;-))) (ouais je suis qqn de très compliqué).
Je connais pas SFU (désolée) mais si c'est "vu et approuvé" par les chatons, alors je vais m'y mettre.
Pour conclure, j'espère que vos (tes) problèmes vont s'arranger, c'est toujours un plaisir de vous (te) lire.
Bises et bon w-e.