Joie, bonheur et célébration : J.J. Abrams est à l'origine d'une nouvelle série. Après Person of Interest, qui est concrètement un fumble critique associant théorie du complot et technologie surréaliste, voici venir Alcatraz.
Il faut d'ores et déjà annoncer que vous n'échapperez pas au vieux mystérieux, à l'héroïne péchue, au geek surdoué que vous attendez au tournant si Lost, Alias ou Fringe sont dans votre collection de divx. En effet, le pilote met en scène la jolie Rebecca Madsen, qui est la plus jeune détective à la criminelle de San Francisco. Le choix de la ville ne permet pas simplement à notre héroïne téméraire de gueuler "SFPD" (bizarre, d'ailleurs) : il met sur sa route une enquête très particulière dans laquelle le suspect est un ancien prisonnier d'Alcatraz. "The Rock" a fermé en 1963 : entretenir la prison coûtait trop cher et l'ensemble des prisonniers a été transféré ailleurs. En réalité, toute cette joyeuse racaille a tout bonnement disparu sans laisser de trace : 302 criminels durs comme la pierre se sont évaporés mais ils réapparaissent un par un de nos jours, remontés à bloc et armés jusqu'aux dents. Une unité spéciale du FBI dirigée par Emerson Hauser, vieux mystérieux de son état, est à la poursuite des "63" (quelqu'un a dit 4400?). Madsen, flanquée de Doc Soto aka une grosse encyclopédie sur Alcatraz qu'elle a déniché dans un magasin de comics, rejoint ce groupe d'intervention et hop : sus au forban ressuscité.
Duo sexy s'il en est |
Les deux premiers épisodes, diffusés le 16 janvier, se laissent très gentiment regarder : les acteurs sont doucement charismatiques, les personnages assez bien construits, la réalisation efficace. Vous vous doutez bien qu'il y a un "mais" : passons le concept qui veut qu'un mec enfermé à Alcatraz récidive obligatoirement selon le même mode opératoire s'il est remis en liberté, car il y a bien plus grave dans cette affaire. En effet, je suis contrariée comme un POU depuis que j'ai lu l'interview de J.J. Abrams à la conférence hivernale de presse de la Television Critics Association. On sait bien que ce qu'il se passe sur nos écrans est terriblement lié à des questions, dirons-nous, pécuniaires mais on n'aime pas forcément qu'on nous le rappelle...En gros, la FOX (à l'instar de NBC et ABC semble-t-il) a donné pour consigne de mettre fin à la serialization de leurs dramas.
WTF? Eh bien, exit la construction scénaristique : le spectateur doit être capable de tout comprendre d'une série, qu'il se pointe au pilote ou à l'épisode 6 de la saison 4. FINI les arcs narratifs traversant une ou plusieurs saisons et en plus, on se tape un générique qui relate le pitch.
La vérité, si vous voulez mon avis, c'est que la calamité de Lost (dont les producteurs financent également Alcatraz) a fait flipper les networks au point que leurs nouilles jouent des castagnettes à la perspective de diffuser un projet plus ambitieux que Hart Of Dixie. Et pendant ce temps-là, nous sommes contraints de regarder et commenter d'ennuyeux stand alones.
Alcatraz n'échappe donc pas à cette nouvelle règle : une semaine, un épisode, une histoire. Son créateur a déjà annoncé que la première saison n'apporterait aucune réponse quant à savoir pourquoi une bande de mecs des années soixante revient nous gonfler en 2012.
Alors voilà : s'il s'agissait d'une série type Without a Trace, sans aucun élément mystérieux, je dirais quelque chose comme "imotep"; mais visiblement, J.J. Abrams et ses copains ne peuvent s'empêcher de faire dans le nébuleux et en deux épisodes, je peux déjà vous pondre dix questions cruciales...Du coup, on se retrouve avec un paradoxe : l'accumulation de questions auxquelles on nous jure qu'il n'y aura pas de réponses. Le spectateur fidèle, loin d'être récompensé, se retrouve comme un sapin IKEA au bord d'une autoroute : à la rue.
Alcatraz n'y est pour rien si on nous promet toutes sortes de tortures scénaristiques mais l'intérêt pour la série s'en voit quand même fortement diminué car il faut avouer que la construction de chaque épisode est assez facile : l'intérêt est automatiquement stimulé par la mythologie de la série et non par les enquêtes hebdomadaires dont on sait toujours comment elles s'achèvent...Ce qui fait la force de ces premiers épisodes réside plutôt dans l'ambiance qui s'en dégage. En effet, ils sont construit selon une temporalité double: l'enquête menée par Madsen est secondée par le récit, en flash-back, de la vie du prisonnier dans les années soixante. Il y a tout de suite un petit charme qui opère, l'appétit du spectateur est plus facilement stimulé, la rythme de l'enquête est plus saccadé tandis que le criminel hérite d'une psychologie un brin travaillée. Cela étant dit, je suis loin de dégainer mes pompons de cérémonie et d'acclamer Alcatraz, que je me contenterai de regarder les jours pluvieux de disette en faisant un puzzle. Bisous.
W. |
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