dimanche 9 septembre 2012

The New Normal - The Mindy Project - Pour la rentrée on fait pas nos sucrées ! 1

Aujourd'hui, alors que nos tongs sont souillées par la pluie, le monde des séries est bouleversé par les programmations de la rentrée. Ainsi, pendant plus d'un mois se succèdent nouveautés après nouveautés, daubes après daubes et surtout, crises de nerfs après crises de nerfs. Dans un souci permanent de teasing et d'échauffage du chaland devant son écran, les networks s'échinent à pré-diffuser leurs nouveautés. Les premières séries devant débuter aux alentours du 15 septembre, pour l'instant, deux nouvelles créations ont été diffusées sur le medium internet (oui, je dénie Ben et Kate) : The Mindy Project et The New Normal.

Si je devais résumer The Mindy Project je me contenterai de vous dire : autant vous couper une couille et la cuisiner. Toutefois, étant poli et bien élevé, je fais preuve de toute ma volonté pour rajouter que The Mindy project c'est l'histoire d'une trentenaire qui a trop regardé Bridget Jones, établi sa carrière professionnelle en regardant Grey's Anatomy, forgé ses goûts vestimentaires en regardant Carrie devant son intégrale de Sex and the City et pratiqué l'onanisme devant un France Soir rempli de photos de Hugh Grant.




Quant à The New Normal, c'est la nouvelle série de Ryan Murphy, du coup, ça parle d'homos, de meufs neuneus, de vieilles alcooliques en tailleur et d'enfants décalés mais rigolos. Sinon, pour faire plus court, je pourrais juste vous dire que c'est bien.



Dans ma grande magnanimité, je vais tenter de vous expliquer plus en détails pourquoi The Mindy Project et The New Normal sont respectivement un échec et une réussite; je me contenterai de vous exposer trois points qui selon moi doivent structurer un épisode pilote de sitcom pour le rendre, si ce n'est réussi, au moins efficace.

Tout d'abord il faut un ou des personnages principaux pas trop relous. A première vue dans The New Normal ça partait mal : l'homo grande folle fan de mode -cliché des années 90 et réalité de mauvais goût dans ma douce contrée du sud- est un rôle usé, abusé et éculé, surtout face à des réussites inoubliables comme Jack dans WIll and Grace ou encore Marc dans Ugly Betty. Etrangement, alors qu'on s'attend d'après le teaser, à un couple prisonnier du cliché en rajoutant à la grande folle un compagnon viril, fan de moto et de moustache, il n'en est rien. L'équilibre s'installerait presque. Ce couple veut obtenir un bambin, du coup se greffe une mère porteuse, Goldie. Ici, encore le panneau attention relou s'est érigé devant mes yeux dès les premiers instants : l'ado de vingt-cinq ans qui n'a pas grandi pour cause d'enfant effectué en tirant un coup sur une machine à laver qui décide de prendre sa vie en main, on l'a vu, ça suffit. Une fois encore bonne surprise, Giorgia King s'en sort et le rôle de Goldie prend toute son ampleur lorsqu'il est complété par celui de sa fille et sa mère : on suit l'histoire d'une génération et non simplement d'une jeune fille paumée.
Le problème du personnage de Mindy dans The Mindy Project, c'est qu'elle n'est pas une bonne surprise, bien au contraire. Si vous avez le malheur de ne pas aimer son minois, c'est fini, elle est seule et unique sur le devant de la scène. En soi, le titre de la série ne ment pas, on voit Mindy, Mindy et encore Mindy. Néanmoins, je me dois d'être honnête, on regrde surtout Mindy relou à un diner, Mindy relou devant ses clients, Mindy relou à un mariage, Mindy relou devant ses employées et Mindy relou tout court. En somme, si elle s'était noyée dans la scène de la piscine de l'épisode, ça aurait pu être une série supportable, mais ce n'est pas le cas.

Du coup, The Mindy Project met en évidence le second point fondamental de la réussite d'un pilote, voire d'une série tout court, surtout pour les sitcoms, ce sont les personnages secondaires intéressants. Au delà de ce mot imprécis et tiroir se cache une réalité : il ne faut demander à un pilote de sitcom des personnages secondaires déjà peaufinés, profonds et indispensables. Bien au contraire, il faut qu'ils soient assez bien construits pour susciter de l’intérêt quitte à exagérer le trait, comme c'est le cas de la grand mère de Goldie dans The New Normal qui rappelle l'ensemble des vieilles mères alcooliques (Absolutely Fabulous et Arrested Development pour ne citer que les meilleures) ou se contenter de rendre le personnage intrigant par quelques détails, comme Abed dans Community. Le nouveau bébé de Murphy, avec sa grand mère burnée, sa jeune étrange et lucide petite fille et sa copine bad ass (toujours aussi merveilleuse NeNe Lakes) emprunte les chemins de la facilité mais nous entraîne vers le second épisode, à l'inverse de The Mindy Project. Composé d'un peu convaincant Patrick Dempsey junior, d'un autre medecin inexistant et d'autres personnages dont j'ai oublié l'existence, la vie de Mindy ne fascine pas et ne fait pas sourire, n'éspérez même pas rire.

Enfin, la dernier aspect que je demande à un pilote de sitcom c'est la cohérence, voire, si vraiment on fait nos foufous, une histoire, nom d'un p'tit bonhomme ! Pour The New Normal c'est limpide, le fil rouge c'est la volonté d'avoir un enfant pour Bryan et David et celle de changer de vie pour Goldie, simple et efficace, le téléspectateur n'est pas perdu et sait ce qui l'attend dans les épisodes qui suivent : la difficulté pour Goldie de tomber enceinte, la grossesse, sa reprise d'étude etc. The Mindy Project est un chaos intersidéral : se succèdent les crises d'hystérie de Mindy et le blabla narratif de Mindy à la Bridget Jones mais en beaucoup, beaucoup moins bien. Pire encore on ne comprend pas où la série veut nous emmener, ce qui pour une série qui s'intitule le projet Mindy est plus qu'ironique. En réalité, c'est une série sur Mindy, par Mindy ( la série est écrite par l'actrice principale Mindy Kaling) et pour Mindy : sauf que voilà, la thérapie, si ça s'effectue dans la sphère privée, c'est qu'il y a une raison : ça fait chier ceux qui vous écoutent, même votre thérapeute, c'est pour ça que vous le payez.

J'ai été tenté de conclure cet article par un simple mais efficace "les biopics, c'est de la merde" toutefois, pour une fois, je calme mon langage de chartier pour m'intéresser au petit bonus de The New Normal : le traitement du couple homosexuel. Si on met de coté le cliché que représente Bryan, il est savoureux d'apercevoir sur une chaîne nationale un couple homosexuel sur le devant de la scène, qui plus est un couple d'homos qui adopte un enfant. Certes l'homoparentalité est l'une des trois structures de Modern Family mais à la différence de cette dernière, The New Normal ne noie pas un couple homosexuel parmi deux hétérosexuels, ici c'est le seul référent qui peut s'approcher de la cellule familliale traditionnelle. Il est clair que Murphy une fois encore va s'attirer les foudres des associations des bien-pensants, créationnistes et autres garants de la moralité puritaine américaine, car une fois de plus il met sur un pied d'égalité les couples homosexuel et hétérosexuel -comme il l'avait fait dans Glee en mettant en parallèle des premières fois adolescentes, l'une entre deux hommes et l'autre entre un homme et une femme. Si The New Normal, au titre provocateur et savamment réfléchi, ne plaira pas à tout le monde, excentricité et versatilité murphyenne oblige, la série aura le mérite d'affirmer une position forte et ce à une echelle nationale, voire internationale : celle que si anormalité il y a, elle prend racine dans la norme sociale qui en occident se cantonne majoritairement à la cellule familliaile judeo-chrétienne du père et de la mère.

La conclusion est alors que le jour où Murphy lira les Anormaux de Foucault, il sera certainement capable de nous pondre des scénarii qui tiennent la route plus d'une saison.
Ah et aussi, les biopics, c'est de la merde.



N.

1 commentaires: