Salut les fans de chats !
On continue
notre série d’articles sur les acteurs de séries qui ont du talent. Et parce
que je suis une petite fayote, on parle ce mois-ci d’une actrice dont l’ami N. est particulièrement amoureux : Julianna Margulies.
Et elle a des arguments à revendre ! Cette quadra au visage de poupée donnerait, à première vue, l’impression de sortir d’une
peinture de Vermeer avec son teint cristallin, des yeux noirs mais genre pas pour plaisanter et la bouche parfaitement dessinée. Elle est tellement classe qu’on se demande s’il est même possible de toucher à cette image, que l’on voudrait encadrée dans son salon et c’est tout.
Et elle a des arguments à revendre ! Cette quadra au visage de poupée donnerait, à première vue, l’impression de sortir d’une
peinture de Vermeer avec son teint cristallin, des yeux noirs mais genre pas pour plaisanter et la bouche parfaitement dessinée. Elle est tellement classe qu’on se demande s’il est même possible de toucher à cette image, que l’on voudrait encadrée dans son salon et c’est tout.
C’est pourtant
sur cette beauté froide et figée que Julianna Margulies fait reposer toute la
qualité de son interprétation dans The
Good Wife. Elle y campe, depuis 2009, Alicia Florrick, une avocate reprenant sa carrière après quinze
ans en tant que mère au foyer. Sa famille est, de plus, quelque peu remuée par
le scandale sexuel ayant envoyé son mari en prison, la forçant à retravailler. Face
à ces caractéristiques de personnage plus que casse-gueule, le risque de
sombrer dans le cliché était grand. On en a déjà vu des ribambelles, des mères
de famille-courage, des femmes bafouées qui pleurent seules devant leur miroir
mais font face tellement elles se sont trouvée une force qu’elles ignoraient
avant. On en a vu plein, des actrices jouer ce même rôle sans la moindre
subtilité, le plus bel exemple ces dernières années étant quand même Marcia
Cross, la championne de la petite voix aiguë et du visage parfaitement
inexpressif utilisé grossièrement pour signifier que oui, oui, elle souffre à
l’intérieur.
Oui, boutonner sa veste rose jusqu’en haut
et se mordre l’intérieur des joues sans jamais cligner des yeux, c’est une
technique en béton pour authentifier son jeu…
C’était sans
compter sur le talent de Julianna, qui se tire avec un brio incroyable de cet exercice. Jamais on n’avait vu, sur le petit écran, une
actrice capable d’exprimer autant de trucs, juste avec son visage et avec
autant de finesse ! Le visage figé, elle parvient grâce à un regard
sur-expressif à retransmettre les émotions d’un personnage en proie au doute
permanent.
Aussi se
laisse-t-on volontiers faire, même lorsqu’un long plan séquence nous colle en
gros plan et en muet le visage de l’actrice sur lequel il se passe un millier
de choses à la seconde, et ce au seul renfort d’un regard bien dirigé ou d’un
plissement de lèvres. C’est beau, il y a de quoi être fan.
Voilà une scène extraite de la saison
1 : Alicia Florrick est convoquée au tribunal, pour témoigner en faveur de
la libération de son mari, qui a couché avec un paquet de putes. Regardez-moi
ce travail : pas une mèche de cheveux qui bouge, pas un clignement d’œil plus
haut que l’autre et pourtant on a comme l’impression d’être à l’intérieur de la
poitrine du personnage. Quel est son secret ? Mon avis est que tout repose
sur le mouvement de la mâchoire : de temps en temps, elle avance sa
mâchoire inférieure pour parler, ce qui lui donne un air juste assez énervé,
juste assez contenu. Toi aussi, lecteur, essaie de le faire devant ta glace
pour voir si ça marche. Dentition parfaite recommandée.
On percevait
déjà les qualités de ce jeu d’actrice dans Urgences,
la série par laquelle elle a été révélée en 1994, dans le rôle de l’infirmière
Carol Hattaway, la femme devant laquelle la moitié de la planète s’est inclinée
pour reconnaître : « ok, elle est digne de George Clooney. » ce
qui n’est pas rien. Elle y interprétait alors un personnage très
différent : une femme beaucoup plus sauvage, émotive et même assez
instinctive. Mais déjà, on lui distinguait une grande capacité à la mélancolie,
et une parfaite maîtrise d’un personnage qui balance entre une apparente
décontraction et une franche tendance à la dépression.
Le coup de l’œil triste et de la bouche
entre-ouverte n’est pas à refaire chez vous : trop dangereux si vous
n’avez pas la bouche de Julianna Marguiles.
De là à penser
qu’Alicia Florrick est une sorte de Carol Hattaway venue à la maturité, une
femme qui a appris de ses erreurs qu’il lui fallait cesser de sourire, pleurer
ou se mettre en colère en public, il y a un pas qu’on est tenté de franchir. On
peut en tous cas affirmer que l’actrice atteint, avec ce rôle, une
interprétation optimale, enrichie par ses précédentes expériences.
Pourtant, il
est intéressant de le préciser, la qualité de la prestation de l’actrice n’est,
à mon avis pas due à la qualité du rôle. Je m’exprime ici en mon nom car je
sais qu’il y a entre les minous et moi quelques minimes désaccords sur la
question : je ne supporte pas Alicia Florrick, un rôle qui a tellement peu
d’intérêt à l’écriture que les mots me manquent. Le héros dont le talent sort
de nulle part, infaillible, qui gagne tout tellement elle a de l’instinct et
elle est si intelligente que des avocats qui ont quatre fois son expérience ne
peuvent pas se passer d’elle… voilà, quoi. Le petit prodige a dû perdre deux
affaires en trois saisons, à tout casser, tout le monde veut l’engager ou
prendre sa place, elle gère avec sang-froid toutes les situations possibles et
pour ceux qui, comme moi, préfèrent les héros qui galèrent, ça manque
terriblement de finesse. L’actrice n’a donc que plus de mérite à livrer une
pareille performance et pour ma part, j’ai l’assurance que mon amour pour
elle n’a rien à voir avec mon engouement pour la série.
De manière
générale, il y a beaucoup de reproches à faire à l’écriture du scénario : des
personnages un peu simplistes, des histoires à la morale ultra manichéenne et
une héroïne dépeinte comme la dernière personne au monde à avoir un cœur aussi
pur… Pourtant, la série fonctionne, on se laisse prendre sans problème et ce, à
mon sens, grâce au talent d’une collection d’acteurs de grand talent : on
citera Christine Baranski, Josh Charles ou encore Alan Cumming, des acteurs
suffisamment balèzes pour tenir le menton à la petite Margulies.
Comme si ça ne suffisait pas, la production
décide régulièrement de balancer dans le casting des guest star de la mort qui
tue, dans le style de Michael J. Fox, Denis O’Hare, Martha Plimpton ou plus
récemment une autre ex-star de Urgences, l’excellente Maura Tierney. Donc, le
moins que l’on puisse dire, c’est que je veux rencontrer le chef du Casting de
cette série pour lui faire un high five.
Voilà pour mon
éloge du mois, n’ayez pas peur de commenter en cas de désaccord ou d'accord ! On se reverra
la prochaine fois avec le portrait d’un autre acteur sorti de mon tableau
d’honneur personnel. Portez-vous bien !
Eva Sautel |
Eva Sautel a publié Les Postes Restantes chez l'Harmattan en 2012, collection Écritures.
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