vendredi 4 novembre 2011

Critique Pilot - Enlightened : être illuminé, ça a du bon, parfois

Les maquilleuses de HBO, elles gèrent le coulé de mascara

Quand on aperçoit, flottant sur un radeau bien propret, une série HBO perdue au milieu de l'océan de mélasse qu'est cette rentrée 2011, il se passe plusieurs trucs : 


  • Déjà on dit merci
  • On enlève ses chaussures, on saute dans l'eau et on brave la marée pour aller regarder le pilote
  • On applaudit. Systématiquement.

Bref, le pilote d'Enlightened a été diffusé le 10 octobre dernier. Les gens ne prêtant que rarement attention à ce que je dis, les spectateurs furent peu nombreux; mais ce n'est pas grave, moi j'ai vu, et j'ai vraiment aimé. Puis c'est aussi de la faute de la chaîne, qui n'a pas jugé bon de diffuser intensivement son trailer (alors qu'à la CW, personne ne se prive d'être lourd); après, c'était plus un teaser qu'autre chose, quelques secondes du pilote tout au plus. Ça explique donc que personne ne sache que cette série existe mais aussi que nous nous soyons dispensés d'une analyse anticipée -oui, j'ai aussi négligé de vous parler du trailer de Grimm, mais ça c'était juste par flemme.

Enlightened, calquée sur le format vingt minutes qui collait si bien à United States of Tara, conte l'histoire d'Amy (Laura Dern), victime d'une terrible crise de nerfs sur son lieu de travail. Elle vient en effet de perdre son poste à la tête du département Santé et Beauté de sa boite de marketing : elle se retrouve reléguée au département Produits d'entretien, qui pète beaucoup moins la classe. Amy associe cette rétrogradation à l'aventure qu'elle a mené avec son supérieur, marié et vraisemblablement un peu con : à bout de forces, elle lui claque littéralement un fusible à la gueule.

Motherfuckeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer!!!!


Si les gens comprennent son désarroi, ils préfèrent toutefois détourner le regard et Amy se voit contrainte de prendre un congé pour dépression nerveuse. Elle passe alors plusieurs semaines dans un centre de remise en forme très axé sur le développement personnel et autres foutaises pour venir à bout de sa rage et du stress que sa vie lui cause. Au contact de la nature, de l'amour et de la paix, Amy subit une transformation radicale : désormais vêtue comme une hippie et capable de maîtriser son tempérament, elle décide de reprendre sa vie en main avec courage. Elle veut retrouver un travail au sein de son entreprise, s'acharne à se réconcilier avec son ex-amant et souhaite nouer une relation saine avec sa mère : autant de bonnes intentions qui se heurtent aux difficultés du quotidien hors d'un camp de drogués mais aussi à la rancoeur, aux préjugés et aux moqueries des gens.

Facile d'être détendu du slip, là.
Nous sommes face à une série qui ne prétend ni au renouvellement d'un genre, ni même à l'insertion dans un genre spécifique : point de suspens, de rebondissement, de love story, de superpouvoirs, de plaisanteries répétitives. C'est un beau drame, qui fait appel à un humour savamment distillé pour prendre en dérision un protagoniste extraordinaire. Les pauvres 200 000 spectateurs hebdomadaires sont sans doute de mon avis : écrite avec beaucoup de finesse, filmée avec subtilité, Enlightened est une série à l'esthétique prononcée et sans ambition rocambolesque -un trait qui se fait rare. N'y allez pas pour suivre une histoire aux traditionnels bouleversements en épisode 7, 15 et 21, il est question ici d'autre chose.
Suivant donc avec adresse un personnage principal complètement cinglé qui passe de la colère extrême au baba cool éthéré en quelques instants, Enlightened promet une saison poétique : les tribulations d'Amy s'apparentent pour moi à une véritable réflexion sur l'humain très joliment mise en image.



W.

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