samedi 7 janvier 2012

Critique Pilot : Luck - Sexy Petit Poney

 


HBO a diffusé, en avant-première, le pilote de son nouveau drama, Luck ; la véritable diffusion de la série commence en réalité le 29 janvier prochain, mais cela n'empêche pas d'écrire deux ou trois choses sympathiques à son sujet.
Certains scénarios laissent le spectateur perplexe : on est là, face au pitch, et on se demande comment un mec s'est levé un matin en se disant "ah, en voilà une bonne idée" au sujet d'une histoire si peu attirante. Parfois pourtant, un retournement de situation s'opère lorsqu'on regarde la série (parfois seulement, parce qu'il y a quand même Unforgettable) : si l'étrangeté du pitch laisse pantois, son efficacité étonne d'autant plus. Le pilote de Luck donne à penser que cette nouvelle série fait partie de ces formidables ovnis.
Ainsi, je pourrais commencer par vous décrire l'intrigue et perdre à cet instant précis un demi-million de lecteurs, cependant je crois que l'objectif de Luck est moins le récit traditionnel d'une histoire que l'expression d'une esthétique particulière : à l'instar d'Enlightened, diffusée sur la même chaîne, Luck est avant tout objet d'art. En témoigne le générique que vous pouvez admirer ci dessous : Splitting Atom de Massive Attack pour ouvrir le bal, ça te pose l'ambiance.



Enfin, je ne peux pas tourner six ans autour du pot, il faut vous dire la vérité : Luck, ça parle exclusivement de courses hippiques. Genre le pilote d'une heure se déroule dans un hippodrome, avec des jockeys, des joueurs, des entraîneurs et tout. Si.
Bon, voilà, personnellement, j'en ai jamais rien eu à faire des chevaux et j'étais clairement en marge du lobby "petit poney" qui sévissait dans toutes les classes de l'école primaire et du collège. J'ai même une gentille phobie du canasson, qui, vous m'excuserez, reste un animal impressionnant et peu amical comme ça, au débotté. Bref, tout ce babillage pour bien établir que je me suis trouvée dans de meilleures dispositions face à une série et je comprendrais très bien que vous disiez "je ne regarderai jamais et je m'en fous de ton avis vilain minou"; mais voilà, il faut bien que je le dise, non seulement j'ai regardé le pilote just for you mais en plus j'ai vraiment aimé. Pourtant, le pitch n'est pas le seul aspect déroutant de Luck (hum la belle publicité que voilà) : la multitude de personnages qui prennent vie sous nos yeux ajoute à l'aspect éclaté du scénario qui manque bien, au départ, de clarté. Opacité qui est certainement à placer, j'en conviens, sur le compte de mon ignorance totale du fonctionnement des courses depuis le choix du cheval jusqu'au pari itself, mais qui n'est pas négligeable. De plus il ne faut pas s'attendre à apercevoir Ian Somerhalder au détour d'une écurie car l'ambiance est plutôt au petit papy cancéreux slash mystérieux ; ce n'est pas plus mal, ceci dit, car à défaut de pommettes avenantes les acteurs au casting de Luck ont quelques expressions faciales à leur actif. Ainsi la présence de Dustin Hoffmann, monstre du cinéma américain, dans le rôle du grand manitou de l'hippodrome agit telle une marque de qualité sur la série elle-même et ce d'autant plus que ses scènes sont peu nombreuses : à l'instar de son jeu, sa présence est subtile, bien distillée, elle se savoure.

La force de Luck réside en fait dans un classique combo casting - réalisation - écriture. En effet, les acteurs dirigés par Michael Mann (scénariste de Starsky et Hutch mais surtout de The Insider) rendent avec talent un texte à la fois épuré et percutant mais surtout, SURTOUT, l'image et la musique sont belles. L'épisode nous livre ainsi un véritable moment de grâce lorsqu'est filmée la course d'un magnifique cheval : de longues minutes s'écoulent durant lesquelles on comprend que quelque chose est en train de se produire, que le cheval, ou le jockey, est spécial puisque peu à peu les têtes se tournent, les conversations s'interrompent et enfin le spectateur, comme frappé d'un éclair ou d'une massue, reste figé face à tant de beauté.

On dirait que c'est cheval qui court mais je vous jure, c'est superbe
Cette sensation d'hypnotisme perdure car au fil des minutes, la pression monte à l'approche des courses du jour. Tout le petit monde qui s'active sous nos yeux, chacun jouant son rôle ans un univers aussi organisé qu'imprévisible, se concentre sur son objectif avec une force maladive, une fascination terrible. Que l'on soit, ou non, attiré par cet univers importe peu : la construction magistrale de l'épisode associé à une esthétique qui tend vers la perfection fait  désormais de Luck l'objet de beaucoup d'espoirs.




W.


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